20/03/2009

Progrès sensibles


Un tract de la C.G.T. reçu par les salariés d'un centre psychiatrique.

Le tract fait appel à des procédés de mise en page déjà vue, où des slogans en grosses lettres émergent de paragraphes touffus à la syntaxe plus ou moins bancale. Un pensum pour le lecteur ? Oui, peut-être. Mais aussi une routine, qui finit par s’imposer comme un style.

L’intérêt de ce nouveau texte (là où il marque un progrès sensible sur les précédents) tient essentiellement dans l'emploi d'un slogan au ton inédit, et dans la distillation finale d’un suspense jouant astucieusement du désir d'en savoir plus.

Dans le slogan « Avoir ensemble et en même temps, la même information. », l'infinitif « avoir » rompt nettement avec le revendicatif acrimonieux d'ordinaire en vigueur avec la prose syndicaliste. La répétition de « même » marque une notion d'insistance et d'exigence. Un ton apaisé, de toute façon, où « Avoir ensemble » suggère la solidarité, l'intérêt commun.

Le slogan conviendrait idéalement, par exemple à un fournisseur d’accès Internet. Et du coup, la connotation aux technologies modernes de communication pare le message cégétiste d'une modernité poudre-aux-yeux.

Aux dernières nouvelles, il aurait mobilisé cinq personnes...

Utilisant lui aussi un infinitif, l'exemple suivant, issu de la grande distribution, met en oeuvre un slogan si comparable qu'il pourrait, sans aucune modification, être repris par nos cégétistes, qui n'auraient pas non plus à retoucher des dessins pastel illustrant parfaitement les thèmes éminemment sociaux de la protection et de la solidarité. Qui récupère qui ? La confusion, entre un message revendicatif censé relever de la lutte sociale, et une iconographie publicitaire procédant du commerce pur et dur, laisse rêveur.



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