23/08/2009

« Un très bon niveau de confort »


Une lecture  de la plaquette de présentation du « centre de réadaptation » Les briords, accueillant des malades mentaux adultes à Carquefou, dans l’agglomération nantaise.





De format A4, la brochure s'ouvre comme un dépliant, composant un triptyque de papier glacé. Un dessin central, figurant en vue aérienne les installations horticoles de l'établissement, rayonne par des flèches vers des vignettes photographiques légendées, ornées d'idéogrammes simplistes qui semblent empruntés à un jeu de société pour tous jeunes enfants. Le fléchage rappelle d'ailleurs le jeu de l’oie et sa logique de progression, ce qui n'est pas sans pertinence, compte-tenu de la vocation du lieu à faire évoluer les gens. Le texte manie allègrement une langue de bois, comme celle-ci : « La réadaptation permet une rééducation, des apprentissages, des réentraînements à l’activité préparant à l’insertion. » Et la plupart des légendes procèdent de l'autosatisfaction, lorsqu'elles annoncent, par exemple que « chacun bénéficie d’une chambre individuelle caractérisée par un très bon niveau de confort » (comme si ça n’était pas la moindre des choses), ou que « l’étape ultime prépare à l’intégration sociale, aboutissement réussi d’un parcours de réadaptation ». Ladite étape ultime est illustrée par une photo montrant quatre personnes quelque peu ahuries poussant des caddies de supermarché, autrement dit : des consommateurs. Comme nous l'avons déjà repéré dans le livret d'accueil d'un hôpital de la région, il paraît symptomatique, s’agissant  de « l’étape ultime » de la sortie, de la faire coïncider avec une ré-immersion dans le monde marchand. Contrairement au livret d’accueil du centre psychiatrique de La Mainguais, les photos du dépliant montrent des personnes nombreuses, identifiables, dont la plupart sont apparemment des patients. Mal définies, peu inspirées et dépourvues de toute dimension artistique, elles sont plus laides que celles du centre voisin, qui elles se donnent au moins à suivre un dispositif, aussi discutable soit-il (celui de l'occultation des patients), dans une qualité technique acceptable. 



Les formulations un peu racoleuses accompagnant des photos passe-partout font que la brochure du « centre de réadaptation » s’apparente en moins bien à celles de la publicité des hôtels touristiques. Une présentation, ou sa tentative, qu’ont luxueusement parodiée les géniteurs d'Astérix, Uderzo et Goscinny, dans Le domaine des dieux.  

Enregistrer un commentaire