27/04/2009

« Evolution soutenable »

Dans un essai Vivre autrement, l’avocate Corinne Lepage expose son projet de société, apportant au débat écologiste un concept de son cru, celui d’ « évolution soutenable ». Il lui faut cent soixante pages pour expliquer notamment en quoi ce dernier serait plus pertinent que celui de « développement durable » largement employé par les médias.

Lorsqu’elle décide de mettre fin brutalement à la formation d’un de ses étudiants de troisième année, l’IFRAMES, école sociale d’Angers, compose une courte lettre recelant (au bas mot) sept concepts maison.

Si l’on s’en tient à l’exemple offert par l’ancienne ministre à l’écologie, l’explicitation d’un concept demanderait décemment, une bonne cent cinquantaine de pages. Cent cinquante multiplié par sept font mille cinquante, disons mille pour faire un compte rond.

Tout lecteur consciencieux qui voudrait pouvoir accéder au sens de la lettre de l’IFRAMES devrait donc en être passé préalablement par l’ingurgitation d’un millier de pages, chiffre assez considérable que même un Michel Foucault n’avait pas atteint avec sa thèse de doctorat Histoire de la folie à l’âge classique (663).

Le but de ce raisonnement n’est autre que de donner une échelle à l’hermétisme fumeux de la langue employée par Muriel Brzegowy, Patrick Lehoux et Christian Stéphan, au nom de l’IFRAMES. Ceux qui le trouveraient par trop spécieux auront bien raison. Ils n’en seront que rassurés sur leur bonne santé critique et n’en verront que mieux la lettre de l'IFRAMES pour ce qu’elle est : un charabia.    

L’exemple choisi, pris dans l’actualité livresque récente reste d’ailleurs modéré. Il donne une échelle raisonnable. On n’ose imaginer ce qu’il en serait de notre calcul si l’on s’en était référé à des auteurs aussi prolixes qu’un Boris Cyrulnik qui ronge inlassablement le même os du concept de résilience à longueur d’ouvrages…  

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