02/08/2009

Insertion par le tablier


Vu dans L'écho d'Ancenis du 20/05/2009, un article de Geoffroy Berthaud présentant un atelier d'insertion qui fabrique des tabliers à partir de sacs en plastique récupérés.

Comparons la photo illustrant l'article avec celle montrant l'atelier-couture du centre psychiatrique de La Mainguais.

Certainement très perfectible (cadrage, mise et scène, profondeur de champ), la photo de l’Echo d’Ancenis est pourtant assez originale, quand on la compare à la suivante, extraite du

livret d'accueil du centre psychiatrique de La Mainguais.


Les photos montrent deux ateliers de couture, comparables puisqu'il s'agit d'un atelier d’insertion et d'un atelier thérapeutique. La première, prise par un journaliste, présente un sujet d'actualité, tandis que l'autre, d'origine « institutionnelle », compose un tableau sans relief, tel que les a rigoureusement étudiés

le photographe Edouard Levé, dans sa série Reconstitutions.


Traitements fort différents d'un sujet semblable. Car, tandis que l’imagerie du centre de La Mainguais s’obstine toujours à cacher le plus possible ses pensionnaires, tous les personnages de l’atelier d’insertion sont identifiables, certains bénéficiant, qui plus est, d’une présentation sommaire dans l’article. Un « malade mental » est-il moins montrable que l'usager d'un atelier d'insertion ?


Le centre de La Mainguais, dont les ateliers thérapeutiques sont le cheval de bataille, a un discours étoffé concernant les objets fabriqués par les soignés, théorisant notamment sur leur valeur

« transactionnelle » réputée bénéfique au traitement de la psychose. Or, les objets du centre psychiatrique n’apparaissent qu’en fond de décor, tandis que ceux de l'atelier d'insertion sont mis en avant et présentés pour ainsi dire en situation. Quant à leur valeur transactionnelle, qui a été, nous dit-on, jusqu'à séduire les Américains, elle est dûment détaillée, comme motif de fierté légitime.


Compte tenu de son discours théorique, on aurait donc pu s'attendre à ce que le centre psychiatrique adopte plutôt une photo du type de celle publiée dans l'Echo d'Ancenis.


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