22/07/2009

« Carquefou à lier »


Transcription des articles de La lettre à Lulu sur le centre psychiatrique de La Mainguais à Carquefou (4/4).


Carquefou à lier

De mal en psy

Accroche-toi aux branches, j’enlève l’organigramme.

Une filiation lourde à porter.


Dans un établissement où la « figure du père » passe pour un questionnement permanent, la question de la filiation mène les dirigeants de l’ADAH à se revendiquer de l’héritage de structures controversées, les centres psychothérapiques nantais en 1972, la Fondation Pi en 1979 puis en 89 à travers deux dossiers intitulés

« L’envers du décor ». Ces opposants internes s’insurgeaient contre le rapport au pouvoir des deux dirigeants, la circulation de l’argent, les « fessées thérapeutiques », et des pratiques proches des sectes, allant jusqu’à un commando de représailles au domicile d’une ancienne salariée. « Participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime », l’agression finira par des condamnations au pénal.


Reborn Toulouse


Une branche du groupe part pour le sud, s’établit en communauté mystique à côté de Toulouse, où la justice les rattrape en janvier 2007 avec plainte contre le psy du groupe, Claude David, embastillé quatre mois, mis en examen – mais pas encore jugé – pour « abus de faiblesse aggravé par la qualité de dirigeant d’un groupe sectaire, agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans, abus de confiance et violation du secret professionnel ». Excusez du peu.


Tout est parti d’une plainte d’une ancienne adepte qui a connu le psy à Nantes, en 1978 : « Je finissais mes études de psycho. J’ai été affectée pour un stage dans un centre de soins où David était psychologue. Il psychanalysait les gens avec lesquels il travaillait. Il avait déjà un ascendant sur tout le monde. Il exerçait une espèce de séduction intellectuelle. Si on s’opposait à lui, il insultait, nous frappait »*. La fièvre du sud, sans doute.


Le naufrage phénixien


Toujours branchés psychiatrie institutionnelle, d’autres salariés sont restés nantais. Avant ADAH qui a pris par la suite, ils ont intégré une structure phénix dans la fondation Pi, l’association Esper qui a investi le chateau de Clermont (l’ancienne demeure de De Funès). L’association Esper a perdu son agrément en 2001 « sous l’assaut conjugué des administrations locales, des politiques, de la bien-pensance psychiatrique, d’une association de défense contre les sectes, et de quelques anciens soignants », plaident les exilés toulousains. Accessoirement, le déficit est alors de 400 000 francs. Aujourd’hui qu’on est passé en euros, le chiffre ne change pas, juste l’unité monétaire : une dotation exceptionnelle de 400 000 euros a été consentie par l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH), pour remettre l’ADAH à flot. L’établissement avait creusé son déficit depuis son installation à Carquefou en 2005, notamment pour la mauvaise gestion de l’emprunt immobilier : 145 000 euros de trou en 2006, 180 000 en 2007, etc. Des p’tits trous, toujours des p’tits trous.


* La Dépêche du Midi, le 21 janvier 2007


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Fleuron de la presse indépendante, le journal La lettre à Lulu, décrit dans Libération comme « le poil à gratter de la société nantaise » , possède également un site dans lequel on peut consulter l'intégralité de ses anciens numéros.


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