22/07/2009

« Maltraitance pour le personnel »


Transcription des articles de La lettre à Lulu concernant les pratiques du centre de post-cure psychiatrique de La Mainguais (1/4).

Dingo dossiers

Des soignants bien patraques

L’institut de post cure psy rend malade son personnel. Du coup, il a comme des absences.


Hors hosto,, la psychiatrie institutionnelle a installé une soixantaine de malades en voie de retour à la normale après séjour en hôpital psy. A un swing des 18 trous du golf de Carquefou, le centre de postcure de La Mainguais de l’ADAH (Association de Développement d’Alternatives à l’Hospitalisation) a été bâti en 2005 sur d’anciens marécages. Hébergement sur place, 64 lits, par unités de neuf patients. « L’utilisation de la précarité est courante » note Anna*, stagiaire à l’ADAH avant d’y cumuler une dizaine de petits contrats précaires en un an. Une monitrice de l’atelier espaces verts a attendu dix ans pour décrocher un CDI. Spécificité de la maison, l’arrêt maladie des soignants oblige à recruter des remplaçants en permanence. « Les bâtiments ont été conçus pour 36 patients et nous travaillons avec 64 patients [...]. On ne fait plus du soin mais du gardiennage [...]. Notre établissement crée de la maltraitance pour le personnel », note la CGT qui parle de« fonctionnement infantilisant des salariés ». L’absentéisme a atteint une moyenne de quatre jours d’arrêt maladie par mois et par salarié. Ce que reconnaît le cadre infirmier : « La souffrance des soignants est de plus en plus grande. » L'inspecteur du travail partage ce constat : « Le malaise des personnels de foyers semble aussi avoir pour origine le sentiment de ne pas avoir prise sur l’organisation du travail et ses objectifs. » Il préconise des réunions d’échange « sur les pratiques professionnelles, afin que les problématiques ressenties par les salariés, liées notamment à la pénibilité du travail, l’évolution du public accueilli, l’écoute accordée par la hiérarchie, soient intégrées dans la démarche de l’établissement. » Selon Anna, « l’établissement a de bons outils, qui ont dû fonctionner, mais on ne réfléchit plus en équipe

». Faut dire qu’avant de démissionner, après avoir creusé un déficit au budget formation, avec un joli stage perso à 17000 euros, le directeur administratif en a parfois rajouté une couche : en avril 2006, il refuse de négocier sur la journée de solidarité, quand Raffarin voulait faire sauter le lundi de Pentecôte chômé. Il attaque bille en tête le représentant CGT : « Cette proposition d’accord relève plus de l’accompagnement psycho-social d’un névrosé obsessionnel à personnalité paranoïaque que d’une négociation réglementée par le code du travail. » Le dirlo a confondu diagnostic et dialogue social. C’est fou ce qu’on peut être distrait.


Sollicitée, l’institution n’a pas souhaité s’exprimer. Du coup, personne ne dément.


* prénom changé


Basile Dallienné


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