05/08/2009

« Il n’y aura pas de période d’essai »


Dans son enquête sur les conditions sociales des salariés du centre de post-cure psychiatrique de La Mainguais (ADAH), le journal La lettre à Lulu fait état d'un recours à la précarité pudiquement qualifié de «courant ».

L'exemple de la petite collection de CDD réunie par Simon, salarié de l'établissement.

Alors que j'étais entretenu dans une douce « perspective d’emploi permanent », au cours des cinq dernières années, j'ai, en tant que moniteur d'atelier dans l'établissement, collectionné huit contrats à durée déterminée dont trois contrats aidés.

Quant au CDI si joliment mis en perspective, tel un carrosse se transformant en citrouille, il a brusquement muté en « dispense d’activité rémunéré », manière bizarroïde de m'éjecter purement et simplement.

Bon à tout faire, j'ai pourtant assuré les remplacements systématiques de mes deux collègues « titulaires » de l'atelier bois, Jean-François Bourdaire et Jean-Yves Branchereau (dont un arrêt de travail de plusieurs mois).

J'ai assuré, toutes les semaines, le remplacement de Patrice Chapeau, délégué C.G.T., visiblement plus absorbé à écrire des tracts énervés qu'à défendre concrètement les travailleurs précaires...

Je l'ai remplacé aussi, nombre de fois, au moment de ses congés.

L'atelier espaces-verts dont Patrice Chapeau est le moniteur attitré n'a qu'un lointain rapport avec mon métier d'ébéniste, mais on ne va pas s'arrêter à ces détails.

J'ai remplacé Michèle Cougnaud, de l'atelier horticulture, chaque fois qu'on me le demandait, y compris, à l'occasion de ses congés.

J'ai remplacé également Jean-Noël Symoëns, moniteur de l'atelier taille-de-pierre, une semaine par-ci, une semaine par-là.

Lorsque les moniteurs « titulaires » étaient occupés en réunions pour débattre des heures entières de l'avenir de l'établissement (et donc du leur), c'est moi encore qui étais prié de garder la boutique.

Une épidémie de gastro., une démarche administrative urgente, une réunion de famille : hop, j'étais là pour remplacer le collègue. Pratique.

Tous ces remplacements pouvaient être décidés la veille pour le lendemain. Je pouvais même n'en être informé que le matin seulement. A moi d'improviser, au milieu des patients parfois bien décontenancés.

J'étais bon à boucher les trous, apparemment.

Par contre, lorsque je me suis mêlé d'apporter quelques menues critiques sur l'ergonomie et la sécurité de l'atelier, on m'a bien fait comprendre que je parlais trop et que je n'étais pas à ma place dans ce trop noble rôle, réservé à des « titulaires ».

Etudier ce qui se fait ailleurs ? Regarder vers d'autres horizons professionnels, au delà des quatre murs de l' « atelier thérapeutique » ? Ben, euh pour quoi faire ?

Pour ma part, il est vrai qu'étant ancien artisan, je n'étais sûrement pas assez compétent pour évaluer les matériels et les méthodes de travail...
















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